A celles et ceux qui auraient manqué les épisodes minimalistes précédents, Runners.fr propose un cours de rattrapage express. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le drop et la toebox sans jamais osé le demander…
S’il y a bien deux termes qui reviennent systématiquement dans toutes mes chroniques minimalistes et mes tests chaussures, ce sont les anglicismes Drop et Toebox. A force de les employer, je ne me pose même plus la question de savoir si tout le monde sait, en fait, de quoi on parle, ce qui n’est pas très pédagogique de ma part. Il est peut-être temps de fournir quelques explications par l’image, en commençant par le … Toe Spring.
Toe Spring, hissez les orteils !
Le Toe Spring est une notion relativement simple à comprendre et surtout à percevoir soi-même en regardant ses propres chaussures. C’est l’angle que fait la partie avant de la chaussure, à vide, avec l’horizontale, lorsque celle-ci est posée sur le sol. Il doit son existence à une antique croyance qui prétend qu’il aiderait à favoriser le déroulé du pied. Il est antinaturel puisqu’il met vos orteils en tension alors que votre pied est logiquement fait pour reposer intégralement à plat.
Drop, le nouveau Sésame
Le drop, notion dont personne n’avait entendu parler il y a encore deux ans, est aujourd’hui devenu un argument de vente chez la plupart des équipementiers, qui n’ont de cesse de mettre en avant sa réduction permanente vers l’idéal absolu, le zéro-drop cher aux barefooters, tout en restant dans le domaine d’un acceptable qu’ils ont défini comme parfait pour vous.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’il n’existe aucune norme de mesure du drop, autre que celle donnée par l’équipementier et qu’il est quasiment impossible de valider sa valeur soi-même sur ses chaussures, sauf à les… découper, comme je l’ai fait pour illustrer cet article.
Le drop mesure théoriquement le différentiel de hauteur entre le talon et les orteils, comme si le pied était dans la chaussure totalement à plat. C’est donc une différence entre l’épaisseur de la semelle complète (semelle de propreté comprise) à l’arrière et l’épaisseur de la semelle complète à l’avant.
Mais entre quels points mesurer ce différentiel ? Si le Toe Spring est important, aller mesurer l’épaisseur de la semelle au bout des orteils n’a pas de sens. La meilleure mesure est selon moi, au niveau des points d’appui A (plat du talon) et B (bourrelet sous-métatarsien) qui est celle qui est la plus significative pour un coureur ayant une foulée médio-pied. Est-ce bien ce qui est mesuré par nos chères marques préférées ?
Toebox, orteils en boîte
Lorsque l’on court justement avec cette fameuse foulée médio-pied, il est impératif que l’avant du pied puisse avoir de l’espace latéralement pour s’évaser à l’impact et que les orteils puissent s’écarter les uns des autres pour maximiser la surface de contact au sol et favoriser la phase d’impulsion.
La Toebox est la partie avant de la chaussure, qui entoure les orteils, comme indiqué sur la photo de droite (pied en « écrasement », simulation du contact médio-pied). On voit bien que la toebox de la Brooks Pure Drift (chaussure de droite) est parfaitement dimensionnée pour offrir l’espace nécessaire tandis que celle de l’Inov-8 l’est moins.
Comme pour le Drop, il n’existe pas de norme de mesure de la Toebox et si l’on voulait être puriste, il faudrait d’ailleurs intégrer à la réflexion, l’élasticité du mesh qui, dans certains cas, même si de visu la Toebox semble petite en statique, contribue à l’agrandir en dynamique.
Des anglicismes d’avenir
Le Drop a de beaux jours devant lui ! Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil aux LookBooks 2013 des différents équipementiers. Vendre une chaussure sans son drop sera bientôt une aberration et un anachronisme. La Toebox, élément de confort et d’efficacité pour le coureur médio-pied, n’a pas encore le succès qu’elle mérite mais gageons que ce n’est qu’une affaire de temps
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jf VERLOOVE
antonypologie.fr